En 2000, Ridley Scott a surpris tout le monde Gladiator, un film bien ficelé dans lequel il a réintroduit le péplum, populaire dans les années 60, au cinéma, le remettant ainsi au goût du jour. Une mise en scène somptueuse, quelques libertés artistiques, et un personnage mémorable : Maximus Decimus Meridius interprété par un grand Russell Crowe. Le film a un un grand succès au box-office et confirme Scott comme un réalisateur pouvant allier l'art et le business, satisfaisant en grande partie la critique et le public. Ce n'est pas le cas de ce Gladiator II dans lequel notre réalisateur, après vingt-quatre ans, se lance dans un deuxième volet.
Pour reconquérir le grand public, et peut-être aussi la critique, après les quelques ratés des films de ces dernières années, comme Exodus, House of Gucci, Napoleon avec un bon The Martian et un décent The Last Duel. Malheureusement, ce Gladiator II n'est pas à la hauteur du précédent. Tout d'abord, le protagoniste, Paul Mescal, dans le rôle de Lucius Vero, n'est pas convaincant. Mescal n'a tout simplement pas le même charisme que Russell Crowe. Grâce à sa présence et à ses talents d'acteur, Crowe a réussi à transmettre à la fois la force de Maximus en tant que guerrier d'abord et gladiateur ensuite, et sa sensibilité à l'égard de son empereur et de sa femme qui l'attendait à Rome. Richard Harris a joué avec compétence un Marc Aurèle sage et doux. Joaquin Phoenix est un Commodo sournois et impitoyable.
Nous avons à la place un protagoniste sans charisme et surtout trop parfait, presque un super-héros. Et cela n'apporte donc rien à un film déjà faible, qui reprend un peu trop le bon film de 2000. Scott aimerait développer l'histoire et introduire plus de personnages que dans le premier film, mais il ne les développe pas correctement. Seul le spectacle fonctionne vraiment. En revanche, nous avons un Denzel Washington dans le rôle de Macrinus, un marchand d'esclaves aux objectifs très élevés, qui vole littéralement la vedette du film. Il est histrionique, sympathique et, oui, charismatique. Le problème fondamental est que ce Gladiator II n'était pas nécessaire, si ce n'est pour encaisser de l'argent.
Nous savons déjà à quel point Scott est techniquement un maître de la mise en scène. Mais son talent est gâché dans un film qui se place trop dans le sillage de Gladiator. Scott cherche le grandiose dans la mise en scène, mais abuse des effets spéciaux, avec des animaux exotiques en images de synthèse décidément peu crédibles. Avec panem et circenses, le grand public est peut-être satisfait, mais il n'y a pas de véritable art. Revenir sur ses pas, même pour un maître comme Scott, devrait être fait avec prudence et si l'on a vraiment quelque chose de nouveau à dire.
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