Relevé du journal des marches et opérations de l’ambulance 6/IV
TROISIEME PARTIE : AVRIL - MAI 1915
1er avril
L'aide-major Lesuvre est affecté au 315e régiment d'infanterie.
20 avril
Monsieur le Médecin Inspecteur Béchard, directeur du service de santé à la IVe armée vient visiter nos locaux qu'il examine en détail. Il me prescrit et confirme par une lettre adressée à Monsieur le Directeur du Service de Santé du IVe corps d'armée d'avoir à améliorer sans délai le couchage des hommes atteints de parasites.
Je fais monter aussitôt nos 2 tentes tortoises et disposer dans chacune d'elles 12 chalets avec paillasses et draps de la section de spécialisation numéro 3 mis à notre disposition dès le début de notre fonctionnement aux Grandes-Loges
21 avril
Le Général de Langle de Cary, commandant la 4e armée passe en revue au camp de Châlons les éléments de cette armée et en présence des troupes remet à Monsieur le général Boelle, commandant le 4e corps d'armée, l'insigne de Grand Officier de la Légion d'honneur, à Monsieur le médecin inspecteur Comte, les insignes de Commandeur de la Légion d'honneur, des croix d'officiers, de chevaliers, des médailles militaires à de nombreux officiers et sous-officiers de la IVe armée.
Cette revue est d'un intérêt passionnément et la cérémonie des distributions de croix et médailles nous laissera un ineffaçable souvenir vu l'intérêt que nous portons à nos chefs ou à nos camarades tels que le Médecin-Major de 1ere classe Labadée du 130e régiment d'infanterie, le capitaine Gueschvinde du 173e etc.
Après la cérémonie, défilé de la division marocaine, des bataillons de divers régiments du 4e corps avec les drapeaux, défilé de tirailleurs indigènes, d'une division de cavalerie et d'un groupe de pièces de 90. Pendant toute la durée de la revue de nombreux aéroplanes nous survolent et on entend les canons à quelques kilomètres du camp.
23 avril
Monsieur le Général Commandant la 4e armée accompagné le Mr le Médecin Inspecteur, Directeur du service de santé de la 4e armée visite l'installation de l'ambulance aux Grandes Loges
Mai
Suivant les instructions de Monsieur le Médecin Inspecteur de la IVe armée, diverses améliorations sont apportées à notre installation. Dans un champ attenant aux granges d'hospitalisation sont disposées des tentes tortoises avec adaptation de parquet en planches et double passage central recouvert de linoléum : 12 chalets sous chaque tente- une cabane recouverte de branches de sapin sert de réfectoire.
Des allées avec plates-bandes bordées de pins et de genévriers donnent, par un escalier large, accès des granges au terrain des tentes ; les granges sont débarrassées de la paille qui est brûlée. Une partie des granges est affectée comme salle de réception des malades non traités. Les chalets y sont disposés sous des toiles tendues.
Installation d'un lavabo avec canal d'écoulement. Le lavabo et constitué par un tonneau debout muni de 4 robinets débitant l'eau dans 4 cuvettes amovibles. Installation d’un four à incinération taillé dans une talus calcaire avec revêtement cylindrique intérieur en briques réfractaires. Un long tuyau en tôle amène un fort tirage - la capacité de ce four cylindrique permet l'incinération d'une d'un volume considérable de détritus. Un chemin en assure l'accès pour les formations du cantonnement qui voudrait l'utiliser et communication en a été faite.
Les salles de bains sont lessivées et peintes au blanc de zinc et elles seront mises le matin à la disposition des formations cantonnées aux Grandes Loges et chaque jour 90 hommes y seront douchés de 7h00 à 10h00. Nos malades sont traités l'après-midi de 14h00 à 17h00. Les officiers de cantonnement invité à profiter de cette installation peuvent prendre des bains en dehors des heures de service précédentes.
La salle de sulfuration est peinte à neuf et hermétiquement close. La salle de visite et celle attenant au vestiaire sont repeintes, planchéiées et parquetées. Des casiers y sont installés pour les sacs, armes, couvertures, les médicaments, objets de pansement.
Des améliorations sont également apportées à l'installation de notre infirmerie. La cuisine, le réfectoire des hommes font l'objet de soin spéciaux. Un vaste garde-manger en treillis métallique préserve la viande des souillures des mouches et il est placé dans une cave froide.
L'eau potable est stérilisée chaque jour à l’hypochlorite. L'analyse bactérienne est faite par les soins de Mr l'officier toxicologique et des brancardiers de Corps pour l'eau des différents puits utilisé par nos hommes et nos malades. Les résultats de ces analyses concernant la potabilité sont satisfaisants. Le récipient métallique est rincé et nettoyé tous les jours.
Tous les débris alimentaires et boîtes métalliques sont recueillis et incinérées.
Fin de la 3e partie
[1] Du médecin chef, Georges SAVY, médecin major de 2e classe , ambulance n°6
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