Relevé du journal des marches et opérations de l’ambulance 6/IV
Janvier-octobre 1915 [1]
PREMIERE PARTIE
30 décembre 1914 - 1er mars 1915
L'ambulance est embarquée le 30 décembre 1914 à la gare de Montdidier à 5h38 toute la formation et les sections d'hospitalisation 1,2,3 sont transportées via Pantin, Meaux Chalons-sur-Marne[2] à la gare de Cuperly où le débarquement peut commencer à 23h30 par un temps très froid.
A la gare, le capitaine Durand de l'état-major du 4e corps d'armée [3] indique à l'ambulance 6 le cantonnement de Saint-Memmie de Courtisols à 14 km de Chalon sur Marne.
Le départ s'effectue par la traversée du camp d’Attila et les fameux champs Catalauniques jusqu'au village de La Cheppe : la route presque gelée est relativement carrossable.
Il n’en est plus ainsi après la traversée de ce village où la route présente de profondes ornières dans son sol gelé. Une pente plus accentuée nécessite le passage des fourgons à attelage de 4 chevaux. Au bout de 2 heures le transport arrive à hauteur de la grande route, au carrefour de la Romanie. La route nationale que nous empruntons est très bonne et l'ambulance 6 arrive au village de Saint-Memmie les Courtisols le 31 décembre à 7 heures.
De 7h00 à 10h00, repos sur la paille dans des granges peu confortables. Vers 11h00 nous choisissons d'autres locaux mais nous sommes encore mal logés tant les officiers que les hommes
1er janvier 1915
Du 1er au 8 janvier, l’ambulance est cantonnée dans le village de Saint-Memmie les Courtisols. Le 8 janvier, nouvelle installation à Courtisols qui présente beaucoup plus de ressources : le cantonnement des hommes dans la grande salle des fêtes est spacieux et bien abrité.
Pendant les séjours à Courtisols nous pratiquons, sur le personnel officiers et les hommes, les premières et deuxièmes injections de vaccins anti typhoïdiques. Ils sont bien supportés par tous.
20 janvier
L’ambulance 6 quitte Courtisols le 20 janvier elle est affectée au traitement des rubéoliens à Sarry à 4 km de Châlons-sur-Marne. Le local choisi pour l’hospitalisations des malades est assez vaste et peut contenir 50 lits. La section d'hospitalisation numéro 5 est affectée à l'ambulance 6.
Le chiffre total des malades traités et très peu élevé. Au total, 26 appartiennent au 115e régiment d'infanterie qui a séjourné à Sarry pendant la plus grande partie de notre séjour.
20 février
Je suis avisé par le Directeur du Service de Santé du 4e corps que je suis inscrit au tableau spécial de la Légion d'honneur à la date du 23 janvier 1915.
Aucune complication à noter chez nos malades traités qui après un traitement de 15 jours peuvent tous rejoindre leur corps.
Les troisièmes injections de vaccins anti typhoïdiques ont été pratiquées pour les hommes et les officiers de la formation. Rien de particulier à signaler sur leur effet.
24 février
Nous recevons l'ordre d'évacuer nos derniers malades au nombre de 4 sur Châlons et de cantonner à Saint Memmie-les-Chalons où l'ambulance 6 devra être rendue le 26 février. Ce même jour Monsieur le Médecin Inspecteur Comte me fait parvenir un message annonçant qu'il me remettrait le lendemain 27 février les insignes de chevalier de la légion d’honneur à Sarry
25 février
A 8h30, Monsieur le Médecin Inspecteur Compte me remet les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur en présence des officiers et du personnel de l'ambulance 6. Cette cérémonie toute intime est l'occasion d'une allocution bien cordiale du Médecin Inspecteur Comte.
26 février
Départ de Sarry à 12h00 arrivée à Saint-Memmie à 13h00 et cantonnement. L’ambulance 6 fournit 8 infirmiers à l'ambulance 7 pour l'aider dans son fonctionnement.
1er mars
8 autres infirmiers sont encore affectés au traitement des blessés à l'hôpital temporaire installé au collège municipal de la ville de Châlons. Notre personnel officier prête son concours au service chirurgicaux de Messieurs les docteurs Alquier et Fresson.
Les blessés traités dans ces services sont dans un état particulièrement grave : pertes de membres, grands délabrements nécessitant des amputations, des désarticulations, plaies du crâne très nombreuses et trépanations.
Ce qui nous frappe surtout est l'infection rapide des plaies, la plupart des interventions sont suivies d'insuccès. Les blessés succombent à la septicémie malgré les soins antiseptiques et le dévouement du personnel qui est littéralement surmené et débordé.
Fin de la première partie
Avertissement : La totalité du texte de ce post et de ceux qui vont suivre sont la stricte transcription du carnet de campagne du Médecin-Majour de 1ere classe , Georges SAVY. L'écriture fine et serrée a nécéssité parfois l'utilisation d'une loupe , à l'ancienne. Malgrè cela, il est possible que quelques noms propres aient été écorchés. lorsque je n'ai pas réussi à vérifier sur internet. Que ces héros me pardonnent et qu'ils reposent en paix . CA
[1] Note de Georges SAVY, médecin major de 2e classe , ambulance n°6/IV
[2] Aujourd’hui Chalons-en-Champagne
[3] d'où le numéro 6/IV de l'ambulance
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